Voici le texte de l’intervention du député italien Mario Lettieri devant la Chambre des députés le 14 mars 2005, pour ouvrir la discussion sur la motion n° 1-00320 relative à la convocation d’une Conférence internationale pour un nouveau système monétaire et financier.
« L’année dernière, on a célébré l’anniversaire du système de Bretton Woods avec lequel furent planifiées, en 1944, les orientations économiques et financières mondiales. Le système de Bretton Woods, au-delà de quelques conceptions monétaristes, devait être le début d’un système de reconstruction économique, soutenu avant tout par le Président américain de l’époque, Franklin Delano Roosevelt.
L’objectif était le développement de l’économie réelle des nations, soutenu et encouragé par le financement et le crédit. Malheureusement, cela ne s’est pas produit, ou pas toujours : la grande finance internationale, après la mort de Roosevelt, commença aussitôt à miner cet esprit de croissance qui aurait dû permettre non seulement de mettre fin au colonialisme, mais de combattre la misère et le sous-développement du tiers et du quart monde.
En 1971, Nixon décréta la fin du système de Bretton Woods, ouvrant ainsi les portes aux grands spéculateurs, aux grandes bulles financières. Au cours des dernières années, l’on en est même venu à croire que la richesse n’est plus produite par le travail, l’industrie, l’agriculture et l’application de la recherche scientifique et technologique aux secteurs productifs, mais par la bourse et la finance. A mon avis, nous nous trouvons devant une véritable folie collective, à laquelle il faudra porter remède dans les instances internationales.
Le fossé entre l’économie réelle et celle de la finance spéculative est de dimension presque inimaginable. En plus des chiffres totaux, une autre source d’inquiétude est le taux de croissance exponentiel de ces valeurs. Dans la Motion, nous avions cité le rapport officiel de la BRI de Bâle (la "Banque des banques centrales"), intitulé "Le marché des dérivés OTC (hors bourse), premier semestre 2003". Il s’agit des produits négociés en dehors des marchés officiels, qui ne sont donc pas déclarés.
Dans ce rapport daté du 12 novembre 2003, on admet les valeurs notionnelles suivantes des dérivés OTC, en milliards de dollars :
juin 2002 : 127 500 ;
décembre 2002 : 141 700 ;
juin 2003 : 169 700.
« Soit une augmentation de 42 000 milliards de dollars en douze mois !
Selon le dernier rapport disponible de la BRI sur les produits dérivés, daté de décembre 2004, le total des contrats ouverts fin juin était supérieur à de 220 000 milliards de dollars : un chiffre énorme, effroyable, une nouvelle augmentation de 50 000 milliards de dollars en douze mois !
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Si, à l’époque de la première conférence de Bretton Woods, nous sortions d’une guerre, aujourd’hui nous avons le devoir de mener, avec tout autant de détermination, une autre guerre, celle contre la pauvreté et la misère qui sont présentes en tant d’endroits du monde, surtout en Afrique et en Asie, afin d’atteindre un meilleur vivre-en-commun entre les peuples du monde et de garantir à tous le droit à une qualité de vie acceptable.
« Voilà le sens de notre Motion. Il existe le risque d’un krach systémique global du secteur financier qui pourrait avoir des effets biens pires que ceux qui suivirent la dépression des années 1929-1933. "
Conclusion : Nous allons droit devant une très grave crise financière ,pire que celle de 1929
et qui a permis la montée de régimes fascisants
et la misère de millions d'européens